Êtes-vous "attachiant" ? Explications sur la théorie de l'attachement et ses troubles pathologiques (France Inter, mai 2019)
La théorie de l'attachement a été formalisée par le psychiatre et psychanalyste John Bowlbyvers 1860 d'après les travaux de Winnicott, Lorenz et Harlow. Le neuro-psychiatre Boris Cyrulnik en donnait une définition sur France inter il y a quelques années : La théorie de l'attachement expliquée par Boris Cyrulnik 39 s
La théorie de l'attachement en deux points principaux :
- la construction de liens affectifs, qui commencent dès les premières minutes de la vie, correspond à un besoin primaire, biologique, au même titre que le besoin de nourriture
- ces premiers attachements ont des répercussions de longue durée sur la manière dont on va forger notre personnalité, se comporter par rapport aux autres, affronter la vie et les menaces, ce qu'on va attendre des relations amoureuses et affectives.
Si vous n'avez pas eu la chance d'appartenir à la première catégorie, êtes-vous condamné à voir échouer toutes vos relations ?
Non, répond Bruno Humbeeck : "Le bémol qu'on a longtemps mis autours des théories de l'attachement, c'est qu'elles sont déterministes. On avait l'impression que si on avait un attachement sécure, ce serait ainsi toute la vie (et idem s'il est insécure). Avec les modèles internes opérants, on sait maintenant qu'on peut les retravailler. C'est un peu comme si vous aviez un scénariste au milieu de votre tête qui écrit les scénarios à l'avance. Lorsqu'on les décrypte, on comprend comment on peut agir sur ces scénarios".
On peut les [modèles d'attachement] retravailler à toutes les époques de sa vie. On peut déconstruire ce qu'on a enprogrammé comme étant des scénarios qui sont intangibles, avec l'aide d'un tiers (c'est à ça que servent les psychologues, essentiellement) et à partir de là, on peut réaménager des manières de s'envisager dans l'attachement.
Un attachement insécure, est-ce forcément pathologique ?
Anne Lucas : "Il y a des attachements insécures qui ne sont pas du tout pathologiques, c'est une adaptation de l'enfant à la figure d'attachement qu'il a en face de lui et qui dans certaines conditions sont plutôt intéressantes".
Bruno Humbeeck : "L'attachement doit être toujours en partie insécure. C'est dans le manque qu'on construit l'intelligence. C'est pour cela que les parents doivent s'autoriser à être imparfaits. S'ils étaient parfaits, on ne penserait pas à l'affection, à l'amour, ce serait devenu un dû et on aurait l'impression que c'est quelque chose qui ne doit pas se réfléchir".
Anne Lucas : "C'est aussi dans l'imperfection que l'enfant se construit : il se sent différent de son parent. Si on était trop en symbiose, comment pourrait-on s'individualiser ?"
... A lire sur le site de France Inter :