Sommes-nous conditionnés pour avoir envie de manger quand on entend retentir le bruit d’une émotion ? Manger pour masquer ses difficultés psychologiques et relationnelles (trouble bipolaire et TCA).
Ce qui est VRAI : on
peut manger en excès en raison de difficultés psychologiques et émotionnelles.
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Les problèmes psychologiques et relationnels peuvent entraîner des
modifications quantitatives et qualitatives dans la façon de manger, et ceci
parfois à l'insu même de la personne qui peut ne pas avoir conscience de ce changement.
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On mange aussi en excès pour s'anesthésier, étouffer des pensées, des
émotions, des sentiments douloureux. Certains se plaignent d'une sensation
douloureuse de vide intérieur, tandis que d'autres (ou les mêmes) parlent
plutôt de trop-plein. Manger devient alors un moyen de ne pas penser, de
masquer les problèmes.
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Manger procure un plaisir facile et immédiat, qui permet de combattre tout
à la fois le vide interne, une insatisfaction globale, l'anxiété, un état de
dépression.
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Manger représente aussi une manière de dissimuler son agressivité sa
violence. Des expressions comme " je l’aurais bouffé " ou "j’ai
ravalé ma haine " illustrent bien le passage dans le corps d’émotions
inexprimables.
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Les problèmes psychologiques et relationnels que l'on se masquait en
mangeant sont plus que jamais présents du fait qu'on ne recourt plus à ce
système de défense.
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Être mince, c'est être au pied du mur : on n'a plus d'excuse pour ne pas
séduire et avoir une vie affective plus riche, réussir sur tous les plans....etc.
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A lire sur : http://www.gros.org/manger-pour-masquer-ses-difficultes-psychologiques-et-relationnelles.
L’impulsivité alimentaire
Nous savons aujourd’hui traiter la restriction cognitive. Nous avons appris à substituer au contrôle mental du comportement alimentaire un contrôle par les sensations alimentaires qui sont la véritable expression des besoins de l’organisme.
Reste à relever un immense défi : comment résoudre la question de l’impulsivité alimentaire qui se définit par le fait qu’une émotion entraine de façon réflexe une envie de manger (Emotion -> Envie de manger -> Manger). Comme le chien de Pavlov conditionné pour avoir envie de manger quand il entend retentir la cloche, nos patients sont conditionnés pour avoir envie de manger quand ils entendent retentir le bruit d’une émotion.
Ce mécanisme, conséquence d’un conditionnement opérant, résulte d’un renforcement négatif : l’ingestion d’un aliment riche parvient à soulager momentanément un état de tension émotionnel. Le comportement d’ingestion ainsi renforcé, le patient développe une dépendance comportementale à l’égard de l’aliment. Plus le patient sollicite ce mécanisme, plus la dépendance s’accentue et plus la réponse alimentaire survient pour des émotions de faible intensité. Le mécanisme est aggravé par le fait que la réponse alimentaire induit elle-même des émotions négatives liées à la perte de contrôle et à la prise de poids. Du fait du processus impulsif, ces émotions négatives accentuent les envies de manger. Le patient est piégé dans un cercle vicieux qui augmente son intolérance émotionnelle et ne parvient plus à supporter ses situations d’inconfort émotionnel.
Face à ce cercle vicieux, la réaction la plus spontanée consiste généralement à tenter de réduire les déclencheurs émotionnels ou à tenter de lutter contre les envies de manger. On s’engage dans les deux cas dans une lutte souvent vaine dont il est rare que l’on sorte vainqueur.
Il est pourtant possible d’envisager une autre alternative qui consisterait à augmenter la tolérance du patient à ses inconforts émotionnels. L’entraîner à mieux supporter ses émotions, lui apprendre à les observer sans chercher à s’y soustraire, notamment par des prises alimentaires.
Pour utiliser une métaphore, nous pourrions imaginer nos patients engagés dans une fuite en avant pour tenter d’échapper à une vague émotionnelle qui les poursuit. Malgré tous leurs efforts, ils finissent toujours par être rattrapés et submergés par cette émotion. Une autre solution serait d’arrêter de courir et de se retourner pour faire face à la vague, l’observer venir et la laisser passer. Mais résister à la force d’une vague sans être emporté par celle-ci n’est pas si simple. C’est à ce moment qu’il faut pouvoir disposer de ressources, ou en construire de nouvelles, afin de se maintenir, sans chercher à s’enfuir, dans cette situation d’inconfort émotionnel.
La pleine conscience nous entraine à observer et accueillir nos émotions. Cette technique nous apprend à détecter les sensations physiques et les pensées désagréables qui les accompagnent, à les observer avec une curiosité détachée et sans jugement. Elle nous permet ainsi de nous maintenir dans des situations d’inconforts physiques et émotionnels et d’augmenter ainsi notre tolérance à ces situations.
A lire sur : http://www.gros.org/l-impulsivite-alimentaire
Lien entre troubles bipolaires et TCA
Le trouble bipolaire est fréquemment
associé à d’autres pathologies psychiatriques,
telles que les troubles
anxieux, les addictions, mais aussi
certains troubles de la personnalité
(axe II du DSM 4). Aussi, ces
comorbidités peuvent représenter
une barrière au diagnostic, voire au
traitement, et devront donc être systématiquement
recherchées. Dans
la pratique clinique quotidienne, il
n’est pas rare d’observer, chez les
patients bipolaires, une association
avec des troubles des conduites alimentaires
(TCA).
De nombreux points
de similitudes entre les troubles
de l’humeur et les troubles des
conduites alimentaires. On retrouve
des points communs concernant la
phénoménologie de chaque trouble,
mais aussi les données neurobiologiques
et pharmacologiques des
deux types de troubles.
L’impulsivité
et la compulsion :
caractéristiques communes
aux deux troubles.
Les patients bipolaires sont, en
outre, fréquemment en surpoids,
voire obèses, comparés à la population.
De nombreuses études retrouvent
des symptômes dépressifs chez
les patients boulimiques ou anorexiques.
Par ailleurs, certains auteurs font
l’hypothèse que la crise boulimique
(perçue comme comportement
compulsif ), pourrait avoir
un effet stabilisateur de l’humeur,
en réponse aux émotions négatives
(modulation des émotions
par la prise de nourriture).
Certaines anomalies des neurotrophines,
comme la protéine BDNF
(Brain Derived Neurotrophic Factor),
qui semble être impliquée
dans la régulation de l’humeur
et de l’appétit, ont été retrouvées
chez des patients souffrant de
troubles bipolaires et de TCA.
Chez les patientes boulimiques,
le lithium a montré une efficacité
dans la diminution de la fréquence
des crises.
La prévalence des TCA dans des populations de
patients bipolaires de types I et II va de 6 à 18 %.
De nombreuses interprétations
des données scientifiques peuvent
être faites, allant de la simple cooccurence
des deux troubles, liée
“au hasard”, à une physiopathologie
identique, voire à la conception
d’un même trouble, impliquant
de fait une nouvelle lecture des
concepts nosographiques.
A lire sur : https://www.diabeteetobesite.fr/files/2012/02/Bipolarit%C3%A9-et-troubles-des-conduites-alimentaires.pdf